Ah,
comme il fut beau, le temps de la Guerre en Dentelles.
La
guerre faisait, somme toutes, peu de morts. Les belligérants avaient
du respect les uns pour les autres. On pratiquait la guerre, comme on
pratiquait la chasse.
C’était
à un sport, tout juste un passe-temps.
Il
convenait de bien s’habiller – d’où le nom -, de paraître
surtout, pour ensuite se faire bien voir de ses dames.
Ce
qui importait avant tout, pour commander un régiment, c’était la
naissance. Une haute lignée vous plaçait d’emblée à un haut
commandement… et inversement.
La
compétence était subsidiaire. Le panache était primordial.
Bien
sûr quand la guerre moderne apparue, les derniers soldats de la
Guerre en Dentelles disparurent rapidement, fauchés dans leur joli
pantalon rouge par les mitrailleuses allemande ou avalés par
quelques obus à la provenance douteuse.
Le
temps était passé de la guerre de panache sans enjeux autre que le
paraître. Dès la fin du XVIIIem siècle, la guerre était devenue
affaire de professionnels. Le rapport de force, la puissance de feu,
l’intelligence du commandement remplaçaient désormais la noblesse
de la naissance.
Napoléon
qui le compris, fit des ravages avec ses jeunes généraux nommés
uniquement en raison de leur capacité.
L’armée
en dentelle ne fait pas le poids, face à un commandement moderne.
Elle est…ridiculisée.
La
diplomatie de ce début du XXIem siècle est devenue elle aussi
affaire de spécialistes, de grands professionnels.
Être
diplomate aujourd’hui, c’est un métier. Encore plus quand vous
tenez les rênes d’une vraie puissance, fut-elle régionale comme
la France.
La
diplomatie de ce début du XXIem siècle supporte mal l’à peu près
et l’improvisation.
La
Fédération de Russie et son nouveau maître l’ont bien compris.
Leur premier diplomate, M. Lavrov a géré la présente crise en
stratège.
Il
a géré la force.
La
Russie a amené petit à petit, par subtils dosage sa marine en
Méditerranée, presque sans en avoir l’air ; en n’oubliant
jamais, là est l’art du diplomate, de joindre à l’acte de
force, moulte paroles rassurantes.
La
Russie a continué d’armer la Syrie, tout en démontrant… qu’elle
n’allait pas jusqu’au bout. Elle interrompait un moment ses
livraisons de S300 à Damas pour dire… qu’il lui restait encore
de la réserve.
Aux
échecs, on le sait, la menace est plus grave que l’acte. M. Lavrov
est sûrement un très bon joueur d’échecs.
Il
a géré le temps.
Le
coup de maître consistant à proposer de retirer les armes chimiques
de Syrie était prêt depuis bien longtemps. Mais voilà : joué
trop tôt, quand Obama était décidé à partir coûte que coûte en
guerre, c'eut été inutile. Sans pression autre que celle de la
Russie, Obama n’écoutait pas. Joué trop tard, par exemple après
que le Congrès eut dit « non » à la guerre, ce coup
devenait inutile. Il y avait un bon moment pour le placer, le moment
où l’Amérique hésitait, lâché par le Royaume Unis et dans
l’incertitude face à la décision de ses assemblées. C'est ce
moment qu'a choisi Lavrov.
Il
a géré la constance.
La
position de la Russie n’a jamais varié d’un iota. Son soutien à
la Syrie a toujours été indéfectible. Même lorsque V. Poutine a
dit que la Russie pourrait approuver l’Occident si la
responsabilité de la Syrie était démontré dans l'attaque
chimique, il l’a dit seulement au bouts de quelques jours quand il
était sûr que Bachar El Assad n’était pas en cause dans le
bombardement, il ne prenait aucun risque pour sa position mais
déstabilisait un adversaire hésitant.
M.
Lavrov est diplomate, aux affaires étrangères russe depuis 21
ans. C’est son métier, il le connaît à fond.
L’action
de la diplomatie russe dans cette crise, fut sur le champ de bataille
de la diplomatie mondiale un bombardement d’artillerie en règle
avec les manœuvres parfaitement ajustées qui les accompagnent.
Pour
y résister, il fallait une puissance de feu égale, en capacité
de s’informer et de désinformer l’adversaire et un
commandement excellent.
Avec
une puissance de feu considérablement supérieur (présence dans les
medias du monde entier), et un commandement moyen, ni bon ni mauvais,
l’Amérique a évidemment supporté le choc et peu aisément faire
passer cette défaite en rase campagne pour une partie, presque
nulle.
Pour
la France, au contraire qui a une puissance de feu égal, il eût
fallu, un excellent commandement pour tenir tête. Làs…
Dans
cet affrontement, la France n’a pas géré la force. Compte
tenu des faibles effectifs qui sont les nôtres, pour être crédible,
il fallait mettre « le paquet » tout de suite, sans
attendre, voire, mais c’eût du grand art, « à la Poutine »
provoquer nous-mêmes un incident pour déclencher le conflit.
Évidemment, il n’en a rien été.
La
force militaire a été déployé avec la vitesse d’un
fonctionnaire aux 35 heures.
La
bataille médiatique a été menée de façon éparpillée, sans
faire l’unanimité dans la classe politique et en faisant dans la
population la quasi-unanimité contre elle.
Il
manquait évidemment au stratège en dentelle, un plan !
Du
côté russe, c’était facile. Le plan ? Maintenir Bachar en
place. Tout était clair.
Côté
français, que veut-on ? Renverser Bachar ? Mettre en place
une démocratie ? Seulement punir ? Un peu léger, vous ne
trouvez pas ?
La
France n’a pas géré le facteur temps. Elle
savait que le Royaume Uni ne pouvait pas s’engager sans vote. Elle
savait que les fantômes de la guerre d’Iraq planent encore, donc
qu’il y a avait un risque et qu’elle pouvait se retrouver seule
avec les Etats-Unis, totalement à leur merci.
Elle
se devait d’être aussi prudente dans l'affichage de ses intentions
que hardie dans l'avancée de ses forces militaires et médiatiques.
Elle
a juste fait... le contraire !
M.
Fabius mené une guerre diplomatique en dentelles,
comme si seul comptait le panache. Sa diplomatie elle est tombée…sous
le feu des mitrailleuses russes.
Évidemment
seulement préoccupé du panache M. Fabius n’a pas géré la
constance, un coup en guerre immédiatement, un coup devant l’ONU
et un coup de suivisme avec la Russie, avant de s'y opposer de
nouveau !
Et
pour finir, alors que tout le monde se met d’accord, une résolution
ONU qui divise quand il faut rassembler.
Du
grand n'importe quoi !
La
diplomatie en dentelle menée par un chef, M. Fabius, qui n’occupe
cette place que parce qu’il chef de clan, petit roitelet du PS,
sans métier, sans pratique approfondie du sujet, pne pouvait
mener qu'à la catastrophe.
Voici
la Diplomatie Française, sinon la France elle-même ridiculisée
pour avoir eu, cette fois, n’ont pas une, mais au moins deux ou
trois, guerres de retard.
Ce
qu'il nous aurait fallu, ce qu'il nous faudra pour la prochaine
crise, ce sera :
- Un objectif clair et précis : est-ce qu'on renverse un gouvernement, pour quoi faire exactement ?
- Un diplomate, un vrai, un comme Védrine, pas un cheffaillon de guerre du PS.
- Des moyens militaires, au moins deux portes avions. Une armée capable de se mouvoir sans demander l'autorisation des Américains.
- Une forte capacité à peser sur l'information, de bons services secrets.
Et
surtout... un président crédible qui ne s'engage devant le monde
que sur ce qu'il peut réaliser.
Oui,
cela est difficile, cela coûte cher, mais c'est le prix à payer, si
la France veut être une puissance et se comporter comme telle.
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